lundi 20 mars 2017

The Night Of





The Night of, c’est une série noir américaine, classique, qui débute par un meurtre, qui passe par la case prison, et finit par un procès. La photographie, soignée, est tout à fait classique, raccord avec le scénario qui nous plonge dans une énième virée nocturne New-Yorkaise, avec une image qui joue des nuances de noir et de gris.

Les personnages, tous très bien joués et incarnés, sont tout ce qu’il y a de plus classique : le suspect que tout accâble, l’inspecteur en fin de carrière intelligent et taciturne, et l’avocat bavard, qui ne paie pas de mine – l’excellent John Turturro - . Alors voilà, une série américaine très bien faite, un polar noir classique comme on en a vu des milliers. Sauf que…


Sauf que classique ne veut pas dire académique. Et que la force d’un bon polar, c’est de ne pas être qu’un polar. En 8 épisodes seulement, l’Amérique contemporaine est ici disséquée, nous laissant voir les maux qui rongent chaque strate de la société : le racisme ordinaire, le milieu carcéral impitoyable, les rouages ténébreux de la machine policière, judiciaire, mais également le déterminisme implacable qui peut conduire n’importe quel citoyen américain d’origine étrangère à devenir quelqu’un qu’il ne souhaitait pas être.



Depuis The Wire, on savait les américains capables de cette autocritique là. Au-delà de l’image soignée de TNO, c’est la même acuité avec laquelle les situations quotidiennes sont dépeintes qui est tout à fait remarquable. L’autre parallèle avec The Wire, c’est le côté pessimiste de l’affaire. Je ne dévoilerai évidemment pas l’épilogue, mais plus que l’attrait classique d’une intrigue – qui est le meurtrier ? – c’est tout le reste qui garde l’intelligence du spectateur en alerte.


On savait les showrunners américains doués pour se plonger dans le passé proche de leur pays et de l’analyser en profondeur (Mad Men, The Americans), mais c’est la capacité à explorer leur présente sans aucune concession qui est tout à fait bluffante dans TNO. On pense bien sûr à American Crime, au docu-fiction Making a murderer ou encore à The People vs OJ Simpson : American crime story, et cette fiction s’inscrit naturellement dans cette veine là.


Récemment, j’ai vu « Le Bureau des légendes », série Canal+, qui m’a convaincu que les français pouvaient jouer sur ce tableau : à savoir décrire une situation contemporaine complexe tout en, et c’est là la qualité principale de la série à mon avis, gardant une spécificité française dans le traitement des enjeux et surtout de la psychologie des personnages. C’est sur ce point – et je ne vais pas me faire que des ami(e)s en disant cela – que la série surclasse à mon humble avis une série américaine qui traite également de géopolitique : Homeland (je précise ici que je me suis arrêté à la saison 3).

Espérons donc que la saison 3 du Bureau des Légendes saura poursuivre sur sa lancée, exigeante, sans chercher à ressembler à ses homologues américaines. Car c’est la condition même pour espérer les égaler, voire les dépasser, comme les séries britanniques savent parfois si bien le faire.

Sol


mercredi 25 janvier 2017

Top 2016 (bonus)


Huit individus éparpillés sont connectés par une soudaine et violente vision. Désormais liés, ils se retrouvent capables du jour au lendemain de se voir, de se sentir, de s'entendre et de se parler comme s'ils étaient au même endroit, et ainsi accéder aux plus sombres secrets des uns et des autres.

Les huit doivent dès lors s'adapter à ce nouveau don, mais aussi comprendre le pourquoi du comment. Fuyant une organisation qui veut les capturer, les tuer ou faire d'eux des cobayes, ils cherchent quelles conséquences ce bouleversement pourrait avoir sur l'humanité. Une série des ex-frères Wachowski.

 
Cette série était mon coup de coeur absolu alors je triche sur la date parce qu'elle est parue en 2015 mais une suite est en suspens (on ne sait pas pour quand ni qui la fera). 

L'idée est extrêmement originale même pour de la SF, combinant l'idée d'évolution de la race humaine aux interrogations intimes sur la personnalité, le lien entre les humains, l'idée bouddhiste que le Moi est une illusion, etc. 

En outre une action palpitante sans forcer le rythme ni la vraisemblance ponctuée par des moments d'émotion intense. Génial et hors format. 

Aglaé

Ndlr : un épisode de Noël est sorti fin 2016


lundi 9 janvier 2017

Top 2016


Sol : Bien que le top soit un exercice récurrent sur le web, en particulier pour les séries, bien que ce ne soit pas forcément représentatif de la production d'une année, qu'un top reste toujours subjectif, qu'on en oublie, qu'on a pas eu le temps de tout regarder, eh bien on l'a fait quand même.

Oncle Ernest : C'est débile.




The Knick, saison 2 *****

Je triche un peu car la diffusion de la 2ème saison a débuté en octobre 2015… Quoiqu’il en soit, ne passez pas à côté de cette série.

On y voit les débuts de la chirurgie moderne dans un hôpital new-yorkais, hanté par un docteur génial (Clive Owen), qui croit en la science et en un monde nouveau. Soderbergh filme à la perfection cet ancien monde basculant dans la modernité et son lot de nouvelles technologies, dont les usages vont révolutionner la médecine, mais pas seulement. Les acteurs sont excellents et la reconstitution de l’époque – décors, costumes – est magnifique. A ranger aux côtés de Mad Men et des Sopranos. Un chef d’œuvre.



Vikings, saison 4 *****

Tartine : Série télévisée canado-irlandaise créée par Michael Hirst. Nous sommes en Scandinavie, à la fin du VIIIème siècle et suivons la vie et les exploits d'un groupe de Vikings.
Cette saison se divise en 2 parties : après une pause de 6 mois et 10 épisodes, la seconde moitié de la saison a repris il y a quelques semaines. A l’heure où j’écris ces mots, l’épisode 16 a dû être diffusé hier aux Etats-Unis.

Voilà une série qui a pris le temps de mûrir, de grandir et de se complexifier. Tout en évoquant de manière très authentique le Haut Moyen Age, la série a su prendre, au fil des épisodes, une tonalité plus universelle, dépassant l’évocation de la vie viking et plus généralement celle du IXe siècle en Europe. Et son personnage principal, le visionnaire Ragnar Lothbrok -roi semi légendaire de la Suède et du Danemark- est apparu petit à petit comme un personnage intemporel, orfèvre de la stratégie militaire et politique, fascinant et rusé, presque diabolique.

Cette saison 4 nous offre les plus belles scènes de la série : le « rêve » de Ragnar, sa reconquête des siens (épouses, amis, fils) et cette série de scènes intimes qui s’égrènent au fil des épisodes de la seconde partie de la saison… Les épisodes 11 à 15 sont des joyaux d’écriture… Bienvenue au cœur d’une pure tragédie grecque et du crépuscule d’un immense personnage.




Peaky Blinders, saison 3 *****

Sol : Les britanniques sont les meilleurs. En termes de série.

Nous sommes ici plongés dans les rues noires et pauvres de Birmingham, en 1919, où une famille de gangsters fait la loi. Classique, me direz-vous. Sauf que le traitement visuel et sonore de cette saga est à couper le souffle : rarement on avait été aussi loin dans l’esthétisation du gangstérisme.

Cela pourrait poser quelque problème si à côté de cela, il n’y avait pas une crudité assumée de la violence et une complexité des personnages qui neutralisent ce qui aurait pu être une glorification du mal, comme on en voit si souvent. Mention spéciale à la bande-son (rock contemporain) qui accompagne parfaitement les épisodes d’une série qui est portée par des acteurs et des actrices tous très bons, et notamment par le magnétique Cillian Murphy.



Parks and recreation, 7 saisons *****

Tartine : Série américaine de Greg Daniels et Michael Schur. Cette série met en scène le quotidien des employés du département des parcs et des loisirs de la ville fictive de Pawnee, dans l’Indiana.
Voici certainement la meilleure série comique de tous les temps. A la maison, tout le monde l’a dévorée. La série a été –enfin- diffusée en France sur Canal + cette année. Vous y suivez le quotidien de Leslie Knope -aux grandes ambitions professionnelles et politiques- et de sa joyeuse bande de bras cassés.

Cela sous forme de mockumentaire (faux documentaire à l’intérieur de la série, toujours moqueur mais jamais méchant). Une fois passé le cap de la saison 1 (seulement 6 épisodes, un peu moyens ceux-ci il est vrai), vous ne pourrez plus oublier –entres autres- Leslie (l’éternelle optimiste), Andy (le gentil benêt), Ben (le tendre geek) ou encore Tom (le fan de marques toujours plein de projets) et surtout Ron, le chef de Leslie, carnivore convaincu et maître du jemenfoutisme et mon Dieu personnel.


The Americans, saison 4 *****

Sol : Toujours aussi palpitante, cette 4ème saison confirme ce que l’on avait pressenti : nous sommes en train d’assister à la construction d’une grande série d’espionnage et d’amour.




Westworld, saison 1 **** 

Aglaé : A l’origine, un livre du même nom  de Michaël Crichton adapté au cinéma sous le titre Mondwest en 1973. Le thème était novateur à l’époque : sur le modèle de Jurassic parc, un parc d’attraction propose à une clientèle fortunée de vivre des aventures dans un Ouest imaginaire peuplé de robots. Naturellement  les créatures du parc deviennent hors de contrôle…

La série reprend  le concept avec les moyens techniques actuels et plus de finesse. Avec le format série, nous entrons lentement et avec un trouble croissant dans une intimité psychologique ambigüe avec ceux qui ne devraient pas être vraiment humains mais qui semblent  quelquefois plus en évolution que les humains véritables. En trame de fond nous devinons les enjeux du pouvoir et les flirts dangereux entre science et pouvoir…  Un autre aspect du thème déjà abordé dans Akta Manniskor ou le célèbre Blade Runner. 





The Good place, saison 1 ****

Tartine : Série télévisée américaine créée par Michael Schur. Compte tenu de ses bonnes actions pendant sa vie, Eleanor, qui vient de mourir, se réveille au « Bon Endroit ». Sauf que la jeune femme réalise rapidement qu’il y a dû y avoir une erreur...
Sans se prendre au sérieux, les créateurs nous offrent une série rafraichissante, portée par deux comédiens savoureux et pétillants : Kristen Bell et Ted Danson. Une série qui ne tiendra pas forcément très longtemps mais à déguster tant qu’elle dure : légère et douce comme une sucrerie. Et attention au final de cette première saison... Surprenant !



Narcos, saison 2 ***

Sol : Cette seconde saison est encore plus réussie que la première, ce qui est une prouesse. On y suit toujours la destinée de Pablo Escobar, le plus connu des narco trafiquants colombiens, à travers les yeux de plusieurs contemporains : famille, policiers, associés. Un biopic très bien réalisé, classique, mais instructif et prenant de bout en bout.




Braindead, saison 1 ***

Tartine : Série télévisée américaine crée par Michelle et Robert King. Imaginez que des insectes extraterrestres se nourrissaient de votre cerveau et prenaient le contrôle de votre corps… Et bien c’est ce qui arrive aux camps républicains et démocrates à Washington dans Braindead !
Une série un peu barrée, sans réel équivalent dans le paysage actuel, avec un début et une fin (non, il ne devrait pas y avoir de saison 2, et ce n’est pas la volonté des créateurs), avec des comédiens drôles et plusieurs niveaux de lecture (Trump et Hillary en toile de fond)…


The Saboteurs (aka The Heavy water war : les soldats de l’ombre), saison 1 ***

Tartine : Série norvégienne de Peter S. Rosenlund. 1943. Alors que l’Allemagne nazie entreprend de créer la première bombe atomique, une opération secrète s’organise afin de contrecarrer la menace…

Alors je triche un peu car je n’ai pas terminé la série (minisérie devrais-je dire : 6 épisodes). Et il ne s’agit pas vraiment d’une série de 2016 (2015 en fait). Mais je la trouve nettement plus intéressante que le décevant The man in the high castle, mal écrit et aux personnages mal développés.

Les sujets évoqués dans The Saboteurs (attention, on trouve la série parfois référencée sous le titre The Heavy water war) restent encore aujourd’hui polémiques et controversés : le rôle de la Norvège et sa relation à l’Allemagne pendant la guerre et celui de Werner Heisenberg, qui avait choisi de rester en Allemagne quand ses confrères avaient fui le pays… Une série chorale plutôt bien troussée, au casting international, bien rythmée.



Le Bureau des Légendes, saison 2 ***

Sol : Après une saison 1 qui démarre lentement mais devient peu à peu addictive, nous avons eu droit à une saison 2 complexe et nerveuse, avec un épisode de fin qui est le paroxysme de la tension qui s’installe au fil des épisodes. Une réussite à saluer, car nous ne sommes  pas toujours tendres avec les séries françaises. Celle-ci s’empare sans timidité malvenue des enjeux géopolitiques actuels au proche Orient et le fait de manière intelligente et passionnée. Elle réussit à traiter un sujet qui peut parler au monde entier, avec un ancrage très local dans la façon de montrer la diplomatie, l’espionnage, le renseignement. Et un Mathieu Kassovitz au sommet de sa forme.




Stranger Things, saison 1 ***

Tartine : Série télévisée américaine créée par Matt et Ross Duffer. Hawkins, Indiana, 1983. Le jeune Will Byers disparaît brusquement de chez lui. Le shérif enquête, les amis de Will s’interrogent et la mère du garçon constate d’étranges phénomènes…

Quoi dire sur LA série popcorn de l’été que tout le monde a vu ? Une série bourrée de références, capable de parler aussi bien aux quarantenaires (nostalgie, nostalgie…) qu’aux adolescents. De l’horreur, de la comédie, du suspense, il y en a pour tous dans Stranger Things… Mais c’est avant tout un magnifique hommage aux années 80 et à ses auteurs, de Carpenter à Spielberg, en passant par Stephen King et John Hugues…

Sol : La petite perle de l’année. La série de l’été 2016 qui a déjà fait beaucoup parler d’elle. Une série 80’s, mélange des univers enfantins de Spielberg et plus angoissants de Carpenter, superbement photographiée. Interprétée par des gamins doués qui rendent chaque personnage très touchant, une franche réussite, un truc que l’on n’attendait pas, une petite perle.

Aglaé : sûrement une des rares séries qui restera dans les mémoires pour cette année. En plus de faire (re)vivre toute une époque le scénario est complètement maîtrisé et l’idée de base géniale, évoquant Lovecraft ou autres mythes des univers miroirs. L’expérience à tenter.
 



Atlanta, saison 1 ***

Sol : Atlanta est une série créée par Donald Glover, un acteur déjà remarqué dans la très bonne série Community et en tant que rappeur, sous le pseudo Childish Gambino, avec déjà 2 très bons albums à son actif.  Le pitch wiki : « Deux cousins essayent de percer dans la scène rap d'Atlanta afin d'améliorer leurs vies et celles de leurs familles. »

Une série douce-amère qui parle de la communauté noire américaine d’une façon différente de ce que l’on a l’habitude de voir, avec un humour absurde parfois grinçant et une mélancolie assumée. Une dramédie, comme on dit, mais une bonne.



Mr Robot, saison 2 **

Sol : Je n’ai pas été déçu par cette deuxième saison comme certains. Elle est plus complexe et plus sombre que la précédente. On est toujours en immersion dans la psyché d’Elliott, ce génial hacker troublé et troublant mais les réalisateurs tentent des modes de narration qui surprennent le spectateur.

La série est plus que jamais pertinente sur le traitement des enjeux contemporains tels que la surveillance de masse, les théories du complot, la transparence, la manipulation, etc. Curieux de voir où nous mènera la saison 3.