samedi 15 mars 2014

Beauté mafieuse



Sol : Aujourd'hui, je vais vous parler de deux films : Election (Johnnie To) et Une Autre femme (Woody Allen). Quel rapport entre les deux ? Aucun. Enfin si, si l’on veut : la beauté.

Oncle Erneste :  On peut passer directement au film de baston ?



S. Ah très bien tonton, tu connais donc le film de Johnnie To, réalisateur hong-kongais.

O.E. : J’aime bien les bridés qui se foutent sur la gueule, ils le font plutôt bien.

S. Bon tonton, tu vas trop loin cette fois, avec ce type de remarques, je vais me faire licencier.

O.E. : Ben quoi ?

S. Bref. Précisons d’emblée que je ne connais absolument pas le cinéma de Hong-Kong, réputé notamment pour ses films d’action de grande qualité (mais pas que). Election ne fait pas exception à la règle. Johnnie To est un réalisateur virtuose, qui filme avec maestria une triade qui va se trouver confrontée à un épisode de leur vie démocratique plutôt difficile à gérer.

Comme tous les deux ans, la Wo Shing, très ancienne triade, doit élire un nouveau président. Une guerre sanglante oppose les prétendants, tous les coups sont permis, y compris la remise en cause des règles immuables du combat.

Le rythme est haletant, les corps sont constamment en mouvement dans un ballet mafieux plein de rebondissements.  Les scènes de violence, finalement assez rares, sont de traitées de manière surprenante : esthétisées parfois,  lors de combats à la chorégraphie parfaitement maîtrisée, et crues lorsque le ton se veut plus grave, sans musique de fond.

O.E. : Et quand il lui éclate la pierre sur la tête, t’as oublié de le dire, c’est du grand art !

S. : Pas faux tonton, pas faux. Je vous recommande chaudement ce 1er opus (il existe une suite : Election 2), qui vous donnera peut être envie, comme cela a été le cas pour moi, d’explorer lafilmographie de ce réalisateur et le cinéma hong-kongais en général.

O.E. : Le gros il m’a fait penser à Luigi, dans le genre « je gère tout tranquilou mine de rien ».

S. Effectivement, on pense d’ailleurs forcément à la mafia italo-américaine filmée par Scorsese, avec son code de l’honneur, son histoire et ses règles strictes qui vont finalement être transgressées.


O.E. : Je préfère quand même les pâtes de Gina aux nouilles bouillies des…

S. Hop hop hop. Tu mélanges un peu tout tonton. Néanmoins, les pâtes de Tata Gina sont les meilleures au monde. Passons maintenant au film de Woody Allen, « Une autre femme », sorti au cinéma en 1988.

O.E. : Je vais piquer un somme.

S. : Le synopsis : « Parce qu'elle surprend par hasard les confidences dramatiques d'une jeune femme, Hope, avec son psychiatre, Marion, intellectuelle de cinquante ans, à la vie réglée comme papier à musique, va tout remettre en question. Elle va s'interroger sur elle-même et démêler ses souvenirs embrouillés pour découvrir en elle-même une autre femme qui la stupéfie. »
J’ai découvert ce film de Woody Allen, un peu par hasard, avec un grand plaisir. Je voulais choisir une comédie légère et jazzy pour occuper mon esprit lors d’un long voyage en train… quelle n’a pas été ma surprise devant cette œuvre grave, mélancolique voire dépressive !

La beauté de cette femme dure, dont l’armure se fend soudainement, est saisissante. La mise en scène transcende une introspection douloureuse, où cette femme de 50 ans s’interroge sur sa personne et son parcours au point de remettre en question chaque étape décisive de sa vie. La photographie est très Bergmanienne et l’usage qui est fait de la musique classique accentue ce sentiment d’hommage au réalisateur suédois.

Je vous incite à voir ou revoir ce film au casting prestigieux, qui regorge de trouvailles visuelles, et qui montre à quel point la grâce pouvait habiter ce réalisateur à ce moment de sa carrière.

O.E. : c’est fini ?

S. : Oui.

O.E. : Bon ben bonne nuit.

S. : Bonne nuit. Je t’aime tonton.

O.E. : RRRrron RRoonppicchh Rrron piicch…





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