jeudi 21 février 2013

The Wire : la meilleure série du monde? (Part 2)


Sol: Eh non!! Figure toi que c'est Omar, son personnage préféré. Dans une interview, il développait brièvement les raisons de ce choix.


Il est vrai qu'aux Etats Unis, le mythe du gangster magnifique, avec un code de l'honneur (souvent ajustable), est très présent dans les esprits. Mais ce personnage est plus complexe qu'il n'y paraît. C'est d'ailleurs cela qui fait la force de cette série : ne jamais céder à la facilité, à l'idéalisation des personnages, au pessimisme général ou à l'esthétisme formel lorsque la violence est présente à l'écran.


La série décrit méticuleusement tous les rouages d'une micro-société, celle de Baltimore, qui est bien sûr le reflet de toute l'Amérique. Les rapports hiérarchiques, les rapports de force, de pouvoir sont montrés avec un oeil-caméra omniscient, qui nous fait témoin des divers enjeux politiques, sociaux voire culturels. A cela s'ajoute un drame dont les sommets ont des accents shakespeariens : je fais référence à la relation entre Stringer Bell et Avon, et particulièrement à cette scène sur le toit d'un bâtiment... D'ailleurs tu ne nous as toujours pas révélé tes scènes d'intro favorites et ton épisode cultissime!!

Mamoon : Ah, Omar ! Je m’abstiendrai donc de contredire ce choix !

Eh bien retrouvons Omar dans mon épisode préféré et une de mes introductions préférées (épisode 11 /saison3) : dans une ruelle déserte il fait face à son alter ego new yorkais, le raffiné Frère mouzzone. Les deux se tiennent en joue tout en discutant courtoisement sur leur habilité au tir et sur la qualité de leur arme respective. C’est une scène parodiant savoureusement les duels du far-west !


J’aime aussi beaucoup l’ambiance musicale de l’intro de l’épisode10 /saison2. On y voit l’équipe de mise sur écoute téléphonique préparer une journée de travail. Tout cela sur le rythme de « Walk the line » de Johnny Cash. Entêtant :


Enfin, une ouverture franchement hilarante (épisode 1/saison 5) nous prouvant que les policiers peuvent avoir le sens de l’humour ! Bunk et ses collègues « interrogent » un délinquant à leur façon : la photocopieuse devient un détecteur de mensonge piégeant le jeune idiot . Comme le fait remarquer Bunk : « the bigger the lie, the more they believe » !


Il y a aussi la scène des f**k : Bunk et Mc Nulty reconstruisent une scène de crime en s’interpellant à coup de f**k. Anthologique mais je ne sais plus si c’était une intro.


Ce ne sont pas les bons moments qui manquent dans cette série.

Pour revenir à Mc Nulty - beau gosse, tête brûlée, « natural police », buveur impénitent - il ne fait partie d’aucun de nos favoris et pourtant il a toutes les qualités requises ! Tu expliques cela comment ?


Sol : Mc Nulty pourrait en effet être considéré comme le personnage principal de la série. Pourtant, plusieurs épisodes consécutifs sont tournés sans qu’il n’apparaisse.

Car le véritable personnage central de la série n’est autre que la ville de Baltimore. Les scènes musicales qui clôturent chaque saison sont d’ailleurs autant d’odes impressionnistes à cette ville et ses habitants -à noter d'ailleurs que la musique n'est absolument pas présente dans le reste des épisodes, dans un souci de réalisme-.

C’est en cela que je trouve cette série importante et impressionnante. Elle se situe dans la tradition des grandes sagas, avec un souffle, avec ses peintures de citoyens, d’hommes, de femmes, de leur quotidien et de leurs drames. Et même si la mise en scène est finalement assez sobre, l’interprétation des acteurs et l’agencement des différentes intrigues vont transcender ce quotidien narré avec respect et précision. Une série réaliste donc, très documentée, sublimée par la complexité des personnages, leur humanité en somme.



Une toute dernière chose pour celles et ceux qui n’ont pas encore vu cette série : ne vous arrêtez aux premiers épisodes, il est possible d'être surpris de prime abord par une certaine lenteur, surtout si on la compare à certaines séries contemporaines au montage épileptique. Prenez le temps de vous habituer à ce format, de rentrer dans l’ambiance de cette ville : vous ne le regretterez pas.


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