samedi 16 juin 2012

Une séparation

- Moi : Est-il réellement nécessaire de vanter à nouveau ce film?

Pour dire quoi? Que c’est le meilleur film de l’année 2012? Qu’il dépeint avec subtilité, avec complexité la société iranienne? Que les acteurs sont tous extraordinaires de vérité? Que ce n’est pas seulement une peinture de la société iranienne mais également un thriller, qu’il est question d’histoires d’amour, de haine, d’histoires de familles, de religion, de justice? Qu’une tension permanente anime le film? Que l’émotion du spectateur est à son comble lors de la scène finale, déchirante? Que ce film est d’une intelligence rare, puisque rien n’est simple, comme dans la vie et que, comme disait Renoir :
« ce qui est terrible sur cette terre, c'est que tout le monde a ses raisons »?

Franchement, est-ce vraiment nécessaire?

- Un autre que moi : Non, je ne pense pas.

jeudi 7 juin 2012

Detective dee

Sol : C’est adapté d’un livre il paraît ?
Tartine : Voui. Des romans de Robert Van Gulik. C’est le héros.
S : C’est cela, oui. Bon, sinon, j’étais plutôt partant, moi, au début. Une intrigue de palais, des personnages mystère, des combats dans les airs… et puis patatras, c’est la catastrophe, l’image est moche !
T : Oh non ! Tu peux critiquer plein de trucs mais pas l’image ! Visuellement, le film est superbe !
S : Bon ok, ce n’est pas exactement ce que je voulais dire. Effectivement, le film excelle parfois dans ce domaine. Je voulais plutôt parler des effets visuels. Le “morphing” (sorte de métamorphose du visage) utilisé à plusieurs reprises éclaire parfaitement mon propos : on veut faire un effet spécial mais le résultat est forcé, laid, et ne sert absolument pas le récit. C’est juste un tic qui fait déjà daté! Mais le pire réside dans la séquence des souterrains. Les figures du Mal (fantômes, monstres, etc.) pourraient contribuer au souffle baroque qui plane sur le film, mais elles sont tout simplement grotesques!
T : Faudrait que je revois le film car je ne me souviens pas de ces morphings. Je peux comprendre qu’habitué comme on est à avoir toujours plus d’effets spéciaux ultra sophistiqués et de plus en plus jour après jour, on puisse être choqué de voir des effets spéciaux qui puissent sembler datés. Toutefois (j’aime ce mot), je trouve que des effets spéciaux un peu has been peuvent apporter un charme désuet à un film. Et je ne trouve pas que les figures du Mal fassent grotesques. Je crois que tu n’as pas réussi à t’imprégner de l’esprit du film cher O.
S : Oui c’est tout à fait ça, et pourtant j’ai essayé! Comme je le disais avant, j’avais un bon a priori. Bon, il faut dire que ma culture en termes de films asiatiques est très limitée.
T : Je n’ai pas non plus une culture du cinéma asiatique ultra importante. Mais c’est vrai que l’ambiance y est souvent différente du cinéma occidental.
S : Exactement, je ne saurai que trop conseiller par exemple les films de Bong Joon-Ho, qui mélangent habilement les genres, au point même de le déconcerter (pour mon plus grand plaisir).
T : A ce propos, tu as enfin regardé The Host ?
S :Non mais j’ai regardé la bande annonce!
T : Waaah !
S : Bon, ma chère E., il est temps de conclure : je dirai donc que je n’ai pas aimé ce film, même avec la meilleure volonté qui soit, mais que je ne saurai lui enlever ce charme certain dont tu parlais. Je le conseille donc à reculons.
T : Et bien moi je conclurai en disant que c’est particulièrement cette ambiance totalement asiatique et chinoise surtout qui m’a plu. Je dois dire que les effets spéciaux ne sont pas ce que trouve déterminant dans ce genre de film. C’est plus la beauté visuelle du film, le côté fresque et aussi le côté mystérieux de l’histoire que je mettrai en avant. Et puis bon, moi la plupart du temps, c’est ce que je ressens devant un film qui compte et qui me reste, même si le film est moyen (ce qui n’est pas le cas de celui là !)
S : Justement, je trouve que le film manque de mystère, de poésie et qu’il penche même quelques fois vers la vulgarité! (provoc’ par plaisir)
T : Je ne suis pas d’accord pour la poésie. Je le trouve très poétique au contraire. Vulgarité ? Ah bon ? Où ça ? Tu te souviens ?
S : Quand je dis vulgarité, je pense plutôt au côté “too much”, grotesque de certains personnages et des effets visuels.  
T : Je vois ce que tu veux dire par ce côté “grotesque”. C’est un peu une caractéristique de nombreux films asiatiques. Tu retrouveras ça aussi dans The Host à certains moments sans doute.
S:  Oui, les termes que j’emploie ne sont pas les plus justes, car le décalage entre la culture occidentale et la culture asiatique peut me plaire aussi dans certains films. Mais je vais terminer sur une note positive : la scène avec le cerf est hallucinante! (et très belle)
T : Je terminerai en appuyant ta note positive et en disant que le réalisateur (Tsui Hark) a fait vraiment preuve d’une grande maestria dans sa mise en scène. C’est un beau film, mais dont le côté décalé peut déconcerter les non initiés !