vendredi 4 mai 2018

Tea time !

Vous reprendrez bien une petite tasse d'Earl Grey avec un scone ? Si, si, j'insiste.

Voici 2 mini séries, british jusqu'au bout des ongles !

On commence avec une adaptation top classe d'un roman bien classique d'Agatha Christie. Sans Hercule Poirot et Miss Marple (quoi qu'il y a peut être bien Miss Marple dans le roman, mais là, elle n'y est pas. Tant mieux).

Ordeal by Innocence (en VF, Témoin indésirable).

Un casting de dingue (Bill Nighy, parfaitement parfait, Matthew Goode, comme toujours excellent, Luke Treadaway (tout juste échappé du décevant Mr Mercedes, où il était déjà impeccable), Anna Chancellor, Anthony Boyle...


Dans les années 1950 en Angleterre, Rachel Argyll, épouse et mère de famille aristocrate, est assassinée dans le manoir familial. C'est l'un de ses cinq enfants, Jack, qui est arrêté. Il meurt en prison suite à une rixe. Dix-huit mois plus tard, alors que tout le monde commence tout juste à se remettre de cette affaire et que le père de famille est sur le point de se remarier, voici que se présente Arthur Calgary, qui affirme être l'alibi de Jack...


Non-dits, petits et grands secrets... C'est le thème de toute histoire d'Agatha Christie. Ici, le trait est modernisé, la sensualité affleure, le malaise s'installe. Les personnages avancent comme les pièces d'un échiquier, le vernis craque petit à petit... La mise en scène est réglée comme du papier à musique, parfaitement dosée entre allers et retours entre passé et présent. Le suspense est implacable. Une réussite du genre.


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Et on termine avec une petite douceur, l'adaptation en 4 parties du roman d'E.M. Forster, Howards End (VF : Retour à Howards End), dont James Ivory avait déjà tiré une adaptation très réussie en 1992. On retrouve dans les rôles principaux Hayley Atwell, Matthew MacFadyen, Tracey Ullman et Julia Ormond.


L'histoire met en lumière le changement de paysage social dans l'Angleterre du début du XXème siècle à travers le prisme de trois familles : nous suivons ainsi les Wilcox, d'arrogants capitalistes qui ont faire fortune dans les colonies, les sœurs Schlegel, d’origines allemandes, représentant la bourgeoisie intellectuelle et l'émancipation dans l’esprit du Bloomsbury Group (qu’a fréquenté Forster), et les Bast, un couple issu de la classe laborieuse...


Situant son intrigue vers 1910, Forster mêle l'intime à l'histoire sociale britannique, faisant se côtoyer deux mondes (et même trois) à différents barreaux de l'échelle. Le scénario et la réalisation sont aux mains de deux orfèvres (Kenneth Lonergan -Manchester By The Sea- à l'adaptation et Hettie Macdonald -Beautiful thing, Hit and miss- à la réalisation). Il en résulte une adaptation à la hauteur du roman : mordante mais pleine de finesse, intelligente et élégante.



Signé Tartine

vendredi 6 avril 2018

Séries de printemps



Petit topo sur ce que j’ai vu récemment en matière de séries télé, et plus précisément de mini série...

Godless *****



L’Ouest américain des années 1880. Roy Goode, fils spirituel du hors-la-loi Frank Griffin, trahit son « père » et sa bande. Car Roy ne se reconnaît plus dans les méthodes de Frank. Traqué, il se réfugie au Nouveau-Mexique, à La Belle, une ville dont la quasi-totalité des hommes a disparu dans l’explosion de la mine attenante, laissant aux veuves et aux quelques hommes qui restent le soin de la diriger et surtout de la protéger…

Un hors-la-loi mystique et sa bande semant la terreur, un fugitif devenu son ennemi, un shérif au grand cœur, des Indiens, d’anciens esclaves, des femmes toutes plus indépendantes les unes que les autres : voici le cadre du western en 7 parties conçu par le scénariste Scott Frank. Et effectivement, rarement un western aura autant été conjugué au féminin.

La série –produite par Steven Soderbergh- est esthétiquement magnifique, bénéficiant d’une photographie incroyable, captant toute la beauté et l’immensité sauvage du Nouveau Mexique (les plans, c’est juste waw !). La photo donc, mais aussi le scénario, la bande originale, la réalisation, le casting, les personnages : tout est absolument ultra soigné et brillant. On voit que Scott Frank (scénariste et réalisateur) a peaufiné Godless de bout en bout. La série, avec ses accents féministes, à contrecourant du western basique et de sa misogynie, est mon grand coup de cœur cette année !

Le seul point négatif, c’est qu’on en aurait bien repris pour quelques épisodes, histoires d’approfondir certains personnages (comme celui de Bill, le shérif ou de la battante Marie-Agnès).

"Welcome to no man’s land" dit l'affiche. Ici, ce sont les filles qui dézinguent !



 The Terror *****



Il s’agit une minisérie (en 10 parties) britannique, produite par Mr Ridley Scott (quand même !) et adaptée du roman de Dan Simmons -inspiré lui même d'une histoire vraie-, dont voici le pitch :

En 1847, la Marine Royale britannique entreprend une périlleuse mission : découvrir le passage du Nord. Forcé de prendre le commandement, le capitaine Francis Crozier devra gérer le froid glacial, les menaces de mutinerie, le manque de nourriture ainsi qu'une menace bien pire encore...

La série prend comme point de départ l’histoire vraie de deux bateaux disparus en mer (The Erebus et The Terror). Elle pose dès le pilote -intense et oppressant- les bases d’une histoire humaine confrontée aux éléments (les bateaux sont pris dans la glace) et au surnaturel (?).

Chaque épisode amplifie le mystère et l'escalade vers l'angoisse. La reconstitution historique est hyper soignée et l'interprétation exceptionnelle : on est chez les anglais quand même, les meilleurs acteurs du monde (la série est menée par Jared Harris, Tobias Menzies et Ciaran Hinds). On a un peu de Lost ici, et aussi de The Thing. Et c'est super bien (et terrible, dans tous les sens du terme)…




Waco ***



Celle-ci (en 6 parties), je l'ai vue à la base pour Michael Shannon. Je dois avouer qu'au final, c'est surtout Taylor Kitsch (John Carter, le film, pas le gars d'Urgences), qui lui vole la vedette, dans le rôle du prêcheur David Koresh.

Au mois de février 1993, l'ATF (le Bureau fédéral des alcools, tabacs, armes à feu et explosifs), dépendant du ministère de la Justice des États-Unis sous la Présidence de Clinton, livre une première attaque contre la petite communauté de Waco, au Texas qui se procure illégalement tout un arsenal d'armes. Menés par leur leader David Koresh, Les Davidians, comme se surnomment les membres de la secte, se retranchent dans leur propriété durant un siège de 51 jours qui s'achève par un assaut meurtrier du FBI. 

Si les deux premiers épisodes posent les bases de l'intrigue, tout s'accélère à partir de l'épisode 3 avec le début de l'assaut du FBI.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser au départ, on ne connaît pas vraiment l'histoire (enfin, perso, je n'en avais que quelques bribes).

Se basant intelligemment sur deux livres distincts de deux témoins des camps adverses (d'un côté le négociateur du FBI et de l'autre un survivant de la secte), la série s'efforce de ne pas tomber dans un affrontement "gentils policiers" contre "méchants psychopathes". Le récit, clinique, analyse les circonstances du drame, en éclairant le spectateur sur les agissements des deux parties. Un excellent ouvrage. A regarder avec un esprit critique quand même.


Requiem ***


Matilda Gray, jeune violoncelliste primée, est décidée à élucider le mystère qui a conduit sa mère à se suicider. Le sombre voyage vers la vérité de Matilda commence par la découverte d'une affaire de disparition qui lie sa mère à une enfant dans un village du Pays de Galles…

Cette série britannique glaçante en 6 parties est particulièrement réussie. Matilda –pour qui on est rapidement dans l’empathie- est embarquée dans une histoire qui la dépasse. Au cœur d'un village -qui pourrait aussi bien être celui d’un épisode d’Hercule Poirot- à l’ambiance lourde et flippante, Matilda va voir émerger de sombres secrets...

La mise en scène et la mécanique de chaque épisode sont parfaitement huilées, le fantastique pointant le bout de son nez de manière très discrète. C’est une très chouette découverte. Comme la découverte de son interprète principale, la comédienne Lydia Wilson, absolument parfaite.





Le Miniaturiste **



Le Miniaturiste, mini-série en 2 parties, est l'adaptation du roman éponyme de Jessie Burton. Nous sommes aux Pays-Bas en 1686. Suite à un mariage arrangé, Nella Oortman (Anya Taylor-Joy, Split et The Witch), 18 ans, quitte son village de campagne pour rejoindre son époux à Amsterdam. Son mari est Johannes Brandt, un riche marchand à l'opulente demeure. Il vit avec sa soeur Marin, qui accueille sa belle-soeur avec grande froideur. Chose commune à l’époque, Nella reçoit en cadeau une maison de poupées représentant l’intérieur de sa nouvelle demeure, symboles du statut social. Nella décide de faire appel à un miniaturiste pour animer l’objet.C’est là que tout se complique, car les pièces qu’elle commence à recevoir pour remplir sa maison ne sont pas nécessairement celles qu’elle a commandées. À la place, elle se retrouve avec les morceaux d’un puzzle, celui de sa nouvelle existence...

Le spectateur est immédiatement plongé dans un monde fait de faux semblants, dans une ambiance étrange et lourde, toute en clairs obscurs comme cette société rongée par les non-dits et les apparences. Avec au cœur de l'intrigue, le personnage lumineux de Nella : sa fraîcheur, son innocence, mais aussi ses tenues pleines de couleurs qui tranchent avec l'aspect sombre et secret de la maison/ville et de ses habitants.

C'est une jolie adaptation, avec une photo et une interprétation magnifiques (Ana Taylor-Joy est toujours aussi magnétique). Même si le scénario n'est pas des plus aboutis. L'équilibre des épisodes est malheureusement bancal, avec une première partie mystérieuse, lente et pleine de promesses, et un final court et un peu frustrant...




L'Aliéniste *


Adaptation de l'ouvrage de Caleb Carr du même nom, l’intrigue de l’Aliéniste se déroule à New York à la toute fin du 19e siècle. Sous la responsabilité du chef de police Theodore Roosevelt, le spécialiste des maladies mentales Laszlo Kreizler s'intéresse à un impitoyable tueur qui laisse derrière lui les corps mutilés d’enfants, tous de jeunes garçons travestis. Face à l'impassibilité des pouvoirs publics, Kreizler tente d’identifier le responsable de ces meurtres horribles, épaulé par l'illustrateur criminel John Moore et Sara Howard, la première femme à faire son entrée dans l'univers très masculin de la police.

Je n’ai pas lu le roman, donc impossible pour moi de comparer. Je ne peux que faire confiance à ceux qui ont pu expérimenter les deux. Tous sont plutôt d'accord pour dire que le livre est bien supérieur à la série.

Pas fan des histoires de serial killer, j’ai trouvé la série très classique et même conventionnelle. Les 10 épisodes sont longs, répétitifs, mal rythmés, malgré une belle reconstitution historique. Les personnages (interprétés par d’excellents acteurs au demeurant) sont peu intéressants et attachants. Dommage aussi que le groupe d'enquêteurs (ils sont 5 au total) ne fasse pas plus "famille", ce qui aurait pu apporter un peu de chaleur à l'ensemble. Quant à l'aspect psychologique, il n'est que survolé. On sort de là avec un sentiment très mitigé. Si on arrive au bout des 10 épisodes. Parce que dès le pilote, on se rend compte qu’on s’achemine peut être bien vers une déception…




Signé Tartine

jeudi 1 février 2018

Top 2017



Notre blog est un des plus actifs de France, ça frôle l’hyperactivité. Mais on est comme ça nous, on donne, on donne et on ne compte pas. Cette année nous avons fait 1 post.
Mais c’était sans compter notre traditionnel bilan annuel, qui arrive comme toujours juste après… le mois de janvier.

Voici ce qu’il ne fallait pas rater en 2017 et qu’il vous faudra récupérer en 2018 :

NDLR : j’ai volontairement choisi que des saisons 1 et pas des suites. Pas que je n’en ai pas aimés (Peaky Blinders, Halt Catch & Fire, Narcos, Curb your enthusiasm, Bureau des légendes), mais j’ai décidé de célébrer la jeunesse, la fraîcheur, la primeur.

Selon Sol :

   
  1)   The Handmaid’s tale

Alors oui, on ne fait pas dans l’originalité, car cette série est 1ère dans beaucoup de classement de sériephiles.
« Ok Google, ça se dit sériephile ? 
 - Oui Sol, bien sûr, et cela fait même sensation dans un dîner entre amis ».

Et pour cause, c’est ce que j’ai regardé de mieux, et de plus dur cette année. Je vais laisser Tartine en rajouter une couche (« magique celle-là, Sol  - Merci Google »), car elle est une fille.
« Attention Sol, le hashtag n’est pas loin… 
- Euh, merci Google ».

Cette série arrive en + au moment idéal, puisqu’elle parle de femmes qui vivent esclaves du régime, des hommes et que l’affaire Weins… Wine..Vein, l’affaire « Me too » a pris une ampleur assez incroyable.

« Attention Sol, tu … 
- Bon c’est bon Google tu me lâches un peu , on peut plus rien dire sans être …
- Attention Sol, tu frôles le complotisme 
- Bon, passons à autre chose »


    
    2) The Night Of

J’ai déjà tout dit ici et ici.

« Fais pas la tête, Sol »



     3)  Mindhunter

J’ai passé un très bon moment devant les épisodes de cette série qui décrit le quotidien de deux agents du FBI qui vont interroger des tueurs en série emprisonnés pour tenter de comprendre leurs motivations.

« Tu as passé un bon moment Sol ? Devant des tueurs en série qui se vantent de leurs crimes ?

- Non, mais c’est plus compliqué que ça ?

- Ah bon ? »

Oui, en fait le plus intéressant reste peut-être la contribution des 2 femmes de  la série : l’une, la copine du personnage principal, est étudiante, et l’autre est professeur, et aide les 2 compères dans leur exploration du mal.

« Tu as quel âge Sol pour dire « compères » ?

- Oh, mais ça va pas ! Faut que je te débranche ou quoi ?

- Tu emploies la menace ? Est-ce dû à ce que tu regardes ?

- … tu me fatigues »

La série se déroule au début des années 1970 et l’image est particulièrement léchée. Les héros sont originaux et assez imprévisibles, ce qui est une prouesse avec un scénario de départ aussi commun. La violence est psychologique, et l’on voit comment le profilage du criminel se met en place tout doucement, avec l’aide de concepts issus de la psychologie et de la sociologie. Tout est très travaillé, de l’image aux dialogues.

Ah, j’oubliais, c’est David Fincher à la réal’.



      4) The Deuce

Lorsque le showrunner de la + grande série de tous les temps (The Wire) s’attaque aux débuts de l’industrie porno dans les quartiers New-yorkais des années 1970 on s’attend à … on ne sait pas trop en fait.

Comme à chaque fois avec les séries de David Simon (aidé par Georges Pelecanos et d’autres), il faut un temps d’adaptation pour comprendre tous les enjeux de la série. Il y a une multitude de personnages et de lieux. Plus que l’industrie pornographique, c’est surtout le milieu de la prostitution que l’on y voit dans cette 1ère saison.

Même si j’ai été moins emballé qu’avec The Wire ou Treme, j’attends beaucoup de cette série. D’une part grâce à sa formidable actrice, Maggie Gyllenhaal, d’autre part car c’est une peinture fine d’une microsociété des années 1970 très dense, qui nous parle beaucoup d’aujourd’hui.

« Donc après les tueurs en série, la pornographie, Sol ? 
- Ecoute Google, si tu me trouves une série intéressante qui parle de l’avènement des Télétubbies, tu me contactes, d’accord ? Allez bye »

 
5) Legion

OVNI. Avec le recul, je ne sais plus si j’ai aimé autant que ça. Mais je me souviens simplement avoir pris une méga baffe visuelle dans la face. Et rien que pour la forme, je vous la recommande. On y parle d’un super héros, mais genre super fragile et super fort à la fois, plutôt dérangé, pas très stable. Vous voyez ce que je veux dire ? En gros, on nous amène dans un gigantesque trip dans la tête du personnage principal et il faut accepter d’emblée qu’on ne va pas tout comprendre et se laisser porter, même si on croit y déceler des incohérences. Rassurez-vous, c’est normal. Voilà, voilou, c’est fini pour moi.


Et maintenant, le top 2017 selon Tartine :


1) Vikings, saison 5 - 1ère partie

La saison 5 de Vikings s’est ouverte cette année avec une grande nouveauté : l’absence de deux personnages charismatiques (enfin surtout un !). Et si l’on pouvait craindre un grand vide, ce n’est finalement pas cas : les « fantômes » des personnages en question sont toujours là, hantant ceux qui restent…

La moitié de la saison a été diffusée (il faudra attendre au mieux août ou septembre pour découvrir la suite) et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle tient ses promesses. La guerre civile sanglante entre Ivar et Lagertha a bien eu lieu, notamment dans ce 10e épisode impressionnant et son montage non linéaire, décomposé en fragments de vie, mêlant batailles et flashbacks, violence et émotion. 

Ce final laisse nos personnages aux prises avec leurs démons, pansant leurs plaies et pleurant leurs morts. Beaucoup de mélancolie encore dans cette saison…


2) Big little lies, mini-série

La série qui m’a le plus emballée cette année. 7 épisodes ultra addictifs, avec des actrices au diapason (Reese Whiterspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley, Laura Dern…).
La série, produite en 2016, fait grandement écho au contexte actuel (l’affaire Weinstein et ses suites…). 

Petits mensonges, apparences trompeuses, couple, tragédie, intimité, parentalité, féminisme, prédation : autant de thèmes abordés par Big Little Lies et qui, grâce à un montage très efficace et à un dosage parfait du suspense, happent le spectateur et le plongent dans les tourments de ces nouvelles desperate housewives

Les héroïnes sont magnifiques, mystérieuses, hystériques, fragiles, cachant sous de faux semblants des blessures parfois très profondes. Vraiment mon coup de cœur de l’année.



3) Twin Peaks, saison 3

Très difficile de parler de cette saison 3, qu’on n’attendait plus. Le bonheur de revoir les personnages emblématiques de David Lynch se mêle à l’appréhension à l’idée de ce qui peut les attendre encore.

C’est une saison déroutante, mélancolique, aux épisodes lents et surprenants, assez expérimentale (l’épisode 8 !!), burlesque, très différente des précédentes. Kyle MacLachlan (Cooper), portant la série sur ses épaules, est fascinant dans un rôle double (même triple !). 

Et on sent vraiment tout l’amour de David Lynch pour ce personnage, pour cet univers, et pour Laura (Sheryl Lee), celle par qui tout est arrivé, celle par qui tout pourrait ne jamais avoir eu lieu…

Surtout ne pas s’attendre obtenir des réponses, David Lynch ne faisant que creuser davantage les sillons amorcés en saisons 1 et 2, épaississants les mystères, et en créant de nouveaux…


4) The Handmaid's tale, saison 1

Je connaissais déjà l’histoire, ayant vu il y a des années la première adaptation du roman de Margaret Atwood, par Volker Schlöndorff. Le film a vieilli. La série éblouit et horrifie. Le spectateur est plongé dès l’ouverture dans un climat de malaise et de barbarie. C’est très difficile de ne pas faire de pause pendant le visionnage de la série d’ailleurs.

Alors cette dernière prend aussi le temps de développer ses personnages (aussi bien les victimes que les bourreaux) dans de longs flashbacks (ce que le film ne pouvait pas faire en 2h de temps). Ces moments -à l’éclairage souvent lumineux- sont d’ailleurs salutaires dans 10 épisodes oppressants.

Le sentiment qui se dégage pour moi, en comparant mes deux visionnages (du film vu au début des 90’s et de la série vue en 2017), c’est que cette société dégénérée me semble plus proche aujourd’hui qu’elle ne me le semblait à l’époque du film… Et c’est ça le plus terrifiant.


 5) Dark, saison 1

Quelques mots sur cette série allemande fantastico-policière. J’aurais pu parler de Stranger things, saison 2 ou de Westworld, mais tout le monde les a vues.

Dark met en scène la disparition de plusieurs enfants et adolescents dans une ville en bordure de forêt, dotée d’une centrale nucléaire. Nous sommes en 2019. Le père de l’un des enfants est l’un des policiers chargés de l’enquête. Il est aussi le frère d’un autre adolescent disparu 33 ans plus tôt dans des circonstances similaires…

La série est à la fois une enquête policière, un conte fantastique, une série de SF, mais aussi un récit de vie à la Broadchurch avec ses dizaines de personnages (d’ailleurs Dark n’évite pas une certaine confusion entre qui est qui au cours des nombreux flashbacks entre passé, présent et encore passé !).

Dans l’ombre de la catastrophe de Tchernobyl (la seconde temporalité se déroule en 1986, l’année de la catastrophe), dix épisodes sombres et désenchantés.




lundi 20 mars 2017

The Night Of





The Night of, c’est une série noir américaine, classique, qui débute par un meurtre, qui passe par la case prison, et finit par un procès. La photographie, soignée, est tout à fait classique, raccord avec le scénario qui nous plonge dans une énième virée nocturne New-Yorkaise, avec une image qui joue des nuances de noir et de gris.

Les personnages, tous très bien joués et incarnés, sont tout ce qu’il y a de plus classique : le suspect que tout accâble, l’inspecteur en fin de carrière intelligent et taciturne, et l’avocat bavard, qui ne paie pas de mine – l’excellent John Turturro - . Alors voilà, une série américaine très bien faite, un polar noir classique comme on en a vu des milliers. Sauf que…


Sauf que classique ne veut pas dire académique. Et que la force d’un bon polar, c’est de ne pas être qu’un polar. En 8 épisodes seulement, l’Amérique contemporaine est ici disséquée, nous laissant voir les maux qui rongent chaque strate de la société : le racisme ordinaire, le milieu carcéral impitoyable, les rouages ténébreux de la machine policière, judiciaire, mais également le déterminisme implacable qui peut conduire n’importe quel citoyen américain d’origine étrangère à devenir quelqu’un qu’il ne souhaitait pas être.



Depuis The Wire, on savait les américains capables de cette autocritique là. Au-delà de l’image soignée de TNO, c’est la même acuité avec laquelle les situations quotidiennes sont dépeintes qui est tout à fait remarquable. L’autre parallèle avec The Wire, c’est le côté pessimiste de l’affaire. Je ne dévoilerai évidemment pas l’épilogue, mais plus que l’attrait classique d’une intrigue – qui est le meurtrier ? – c’est tout le reste qui garde l’intelligence du spectateur en alerte.


On savait les showrunners américains doués pour se plonger dans le passé proche de leur pays et de l’analyser en profondeur (Mad Men, The Americans), mais c’est la capacité à explorer leur présente sans aucune concession qui est tout à fait bluffante dans TNO. On pense bien sûr à American Crime, au docu-fiction Making a murderer ou encore à The People vs OJ Simpson : American crime story, et cette fiction s’inscrit naturellement dans cette veine là.


Récemment, j’ai vu « Le Bureau des légendes », série Canal+, qui m’a convaincu que les français pouvaient jouer sur ce tableau : à savoir décrire une situation contemporaine complexe tout en, et c’est là la qualité principale de la série à mon avis, gardant une spécificité française dans le traitement des enjeux et surtout de la psychologie des personnages. C’est sur ce point – et je ne vais pas me faire que des ami(e)s en disant cela – que la série surclasse à mon humble avis une série américaine qui traite également de géopolitique : Homeland (je précise ici que je me suis arrêté à la saison 3).

Espérons donc que la saison 3 du Bureau des Légendes saura poursuivre sur sa lancée, exigeante, sans chercher à ressembler à ses homologues américaines. Car c’est la condition même pour espérer les égaler, voire les dépasser, comme les séries britanniques savent parfois si bien le faire.

Sol


mercredi 25 janvier 2017

Top 2016 (bonus)


Huit individus éparpillés sont connectés par une soudaine et violente vision. Désormais liés, ils se retrouvent capables du jour au lendemain de se voir, de se sentir, de s'entendre et de se parler comme s'ils étaient au même endroit, et ainsi accéder aux plus sombres secrets des uns et des autres.

Les huit doivent dès lors s'adapter à ce nouveau don, mais aussi comprendre le pourquoi du comment. Fuyant une organisation qui veut les capturer, les tuer ou faire d'eux des cobayes, ils cherchent quelles conséquences ce bouleversement pourrait avoir sur l'humanité. Une série des ex-frères Wachowski.

 
Cette série était mon coup de coeur absolu alors je triche sur la date parce qu'elle est parue en 2015 mais une suite est en suspens (on ne sait pas pour quand ni qui la fera). 

L'idée est extrêmement originale même pour de la SF, combinant l'idée d'évolution de la race humaine aux interrogations intimes sur la personnalité, le lien entre les humains, l'idée bouddhiste que le Moi est une illusion, etc. 

En outre une action palpitante sans forcer le rythme ni la vraisemblance ponctuée par des moments d'émotion intense. Génial et hors format. 

Aglaé

Ndlr : un épisode de Noël est sorti fin 2016


lundi 9 janvier 2017

Top 2016


Sol : Bien que le top soit un exercice récurrent sur le web, en particulier pour les séries, bien que ce ne soit pas forcément représentatif de la production d'une année, qu'un top reste toujours subjectif, qu'on en oublie, qu'on a pas eu le temps de tout regarder, eh bien on l'a fait quand même.

Oncle Ernest : C'est débile.




The Knick, saison 2 *****

Je triche un peu car la diffusion de la 2ème saison a débuté en octobre 2015… Quoiqu’il en soit, ne passez pas à côté de cette série.

On y voit les débuts de la chirurgie moderne dans un hôpital new-yorkais, hanté par un docteur génial (Clive Owen), qui croit en la science et en un monde nouveau. Soderbergh filme à la perfection cet ancien monde basculant dans la modernité et son lot de nouvelles technologies, dont les usages vont révolutionner la médecine, mais pas seulement. Les acteurs sont excellents et la reconstitution de l’époque – décors, costumes – est magnifique. A ranger aux côtés de Mad Men et des Sopranos. Un chef d’œuvre.



Vikings, saison 4 *****

Tartine : Série télévisée canado-irlandaise créée par Michael Hirst. Nous sommes en Scandinavie, à la fin du VIIIème siècle et suivons la vie et les exploits d'un groupe de Vikings.
Cette saison se divise en 2 parties : après une pause de 6 mois et 10 épisodes, la seconde moitié de la saison a repris il y a quelques semaines. A l’heure où j’écris ces mots, l’épisode 16 a dû être diffusé hier aux Etats-Unis.

Voilà une série qui a pris le temps de mûrir, de grandir et de se complexifier. Tout en évoquant de manière très authentique le Haut Moyen Age, la série a su prendre, au fil des épisodes, une tonalité plus universelle, dépassant l’évocation de la vie viking et plus généralement celle du IXe siècle en Europe. Et son personnage principal, le visionnaire Ragnar Lothbrok -roi semi légendaire de la Suède et du Danemark- est apparu petit à petit comme un personnage intemporel, orfèvre de la stratégie militaire et politique, fascinant et rusé, presque diabolique.

Cette saison 4 nous offre les plus belles scènes de la série : le « rêve » de Ragnar, sa reconquête des siens (épouses, amis, fils) et cette série de scènes intimes qui s’égrènent au fil des épisodes de la seconde partie de la saison… Les épisodes 11 à 15 sont des joyaux d’écriture… Bienvenue au cœur d’une pure tragédie grecque et du crépuscule d’un immense personnage.




Peaky Blinders, saison 3 *****

Sol : Les britanniques sont les meilleurs. En termes de série.

Nous sommes ici plongés dans les rues noires et pauvres de Birmingham, en 1919, où une famille de gangsters fait la loi. Classique, me direz-vous. Sauf que le traitement visuel et sonore de cette saga est à couper le souffle : rarement on avait été aussi loin dans l’esthétisation du gangstérisme.

Cela pourrait poser quelque problème si à côté de cela, il n’y avait pas une crudité assumée de la violence et une complexité des personnages qui neutralisent ce qui aurait pu être une glorification du mal, comme on en voit si souvent. Mention spéciale à la bande-son (rock contemporain) qui accompagne parfaitement les épisodes d’une série qui est portée par des acteurs et des actrices tous très bons, et notamment par le magnétique Cillian Murphy.



Parks and recreation, 7 saisons *****

Tartine : Série américaine de Greg Daniels et Michael Schur. Cette série met en scène le quotidien des employés du département des parcs et des loisirs de la ville fictive de Pawnee, dans l’Indiana.
Voici certainement la meilleure série comique de tous les temps. A la maison, tout le monde l’a dévorée. La série a été –enfin- diffusée en France sur Canal + cette année. Vous y suivez le quotidien de Leslie Knope -aux grandes ambitions professionnelles et politiques- et de sa joyeuse bande de bras cassés.

Cela sous forme de mockumentaire (faux documentaire à l’intérieur de la série, toujours moqueur mais jamais méchant). Une fois passé le cap de la saison 1 (seulement 6 épisodes, un peu moyens ceux-ci il est vrai), vous ne pourrez plus oublier –entres autres- Leslie (l’éternelle optimiste), Andy (le gentil benêt), Ben (le tendre geek) ou encore Tom (le fan de marques toujours plein de projets) et surtout Ron, le chef de Leslie, carnivore convaincu et maître du jemenfoutisme et mon Dieu personnel.


The Americans, saison 4 *****

Sol : Toujours aussi palpitante, cette 4ème saison confirme ce que l’on avait pressenti : nous sommes en train d’assister à la construction d’une grande série d’espionnage et d’amour.




Westworld, saison 1 **** 

Aglaé : A l’origine, un livre du même nom  de Michaël Crichton adapté au cinéma sous le titre Mondwest en 1973. Le thème était novateur à l’époque : sur le modèle de Jurassic parc, un parc d’attraction propose à une clientèle fortunée de vivre des aventures dans un Ouest imaginaire peuplé de robots. Naturellement  les créatures du parc deviennent hors de contrôle…

La série reprend  le concept avec les moyens techniques actuels et plus de finesse. Avec le format série, nous entrons lentement et avec un trouble croissant dans une intimité psychologique ambigüe avec ceux qui ne devraient pas être vraiment humains mais qui semblent  quelquefois plus en évolution que les humains véritables. En trame de fond nous devinons les enjeux du pouvoir et les flirts dangereux entre science et pouvoir…  Un autre aspect du thème déjà abordé dans Akta Manniskor ou le célèbre Blade Runner. 





The Good place, saison 1 ****

Tartine : Série télévisée américaine créée par Michael Schur. Compte tenu de ses bonnes actions pendant sa vie, Eleanor, qui vient de mourir, se réveille au « Bon Endroit ». Sauf que la jeune femme réalise rapidement qu’il y a dû y avoir une erreur...
Sans se prendre au sérieux, les créateurs nous offrent une série rafraichissante, portée par deux comédiens savoureux et pétillants : Kristen Bell et Ted Danson. Une série qui ne tiendra pas forcément très longtemps mais à déguster tant qu’elle dure : légère et douce comme une sucrerie. Et attention au final de cette première saison... Surprenant !



Narcos, saison 2 ***

Sol : Cette seconde saison est encore plus réussie que la première, ce qui est une prouesse. On y suit toujours la destinée de Pablo Escobar, le plus connu des narco trafiquants colombiens, à travers les yeux de plusieurs contemporains : famille, policiers, associés. Un biopic très bien réalisé, classique, mais instructif et prenant de bout en bout.




Braindead, saison 1 ***

Tartine : Série télévisée américaine crée par Michelle et Robert King. Imaginez que des insectes extraterrestres se nourrissaient de votre cerveau et prenaient le contrôle de votre corps… Et bien c’est ce qui arrive aux camps républicains et démocrates à Washington dans Braindead !
Une série un peu barrée, sans réel équivalent dans le paysage actuel, avec un début et une fin (non, il ne devrait pas y avoir de saison 2, et ce n’est pas la volonté des créateurs), avec des comédiens drôles et plusieurs niveaux de lecture (Trump et Hillary en toile de fond)…


The Saboteurs (aka The Heavy water war : les soldats de l’ombre), saison 1 ***

Tartine : Série norvégienne de Peter S. Rosenlund. 1943. Alors que l’Allemagne nazie entreprend de créer la première bombe atomique, une opération secrète s’organise afin de contrecarrer la menace…

Alors je triche un peu car je n’ai pas terminé la série (minisérie devrais-je dire : 6 épisodes). Et il ne s’agit pas vraiment d’une série de 2016 (2015 en fait). Mais je la trouve nettement plus intéressante que le décevant The man in the high castle, mal écrit et aux personnages mal développés.

Les sujets évoqués dans The Saboteurs (attention, on trouve la série parfois référencée sous le titre The Heavy water war) restent encore aujourd’hui polémiques et controversés : le rôle de la Norvège et sa relation à l’Allemagne pendant la guerre et celui de Werner Heisenberg, qui avait choisi de rester en Allemagne quand ses confrères avaient fui le pays… Une série chorale plutôt bien troussée, au casting international, bien rythmée.



Le Bureau des Légendes, saison 2 ***

Sol : Après une saison 1 qui démarre lentement mais devient peu à peu addictive, nous avons eu droit à une saison 2 complexe et nerveuse, avec un épisode de fin qui est le paroxysme de la tension qui s’installe au fil des épisodes. Une réussite à saluer, car nous ne sommes  pas toujours tendres avec les séries françaises. Celle-ci s’empare sans timidité malvenue des enjeux géopolitiques actuels au proche Orient et le fait de manière intelligente et passionnée. Elle réussit à traiter un sujet qui peut parler au monde entier, avec un ancrage très local dans la façon de montrer la diplomatie, l’espionnage, le renseignement. Et un Mathieu Kassovitz au sommet de sa forme.




Stranger Things, saison 1 ***

Tartine : Série télévisée américaine créée par Matt et Ross Duffer. Hawkins, Indiana, 1983. Le jeune Will Byers disparaît brusquement de chez lui. Le shérif enquête, les amis de Will s’interrogent et la mère du garçon constate d’étranges phénomènes…

Quoi dire sur LA série popcorn de l’été que tout le monde a vu ? Une série bourrée de références, capable de parler aussi bien aux quarantenaires (nostalgie, nostalgie…) qu’aux adolescents. De l’horreur, de la comédie, du suspense, il y en a pour tous dans Stranger Things… Mais c’est avant tout un magnifique hommage aux années 80 et à ses auteurs, de Carpenter à Spielberg, en passant par Stephen King et John Hugues…

Sol : La petite perle de l’année. La série de l’été 2016 qui a déjà fait beaucoup parler d’elle. Une série 80’s, mélange des univers enfantins de Spielberg et plus angoissants de Carpenter, superbement photographiée. Interprétée par des gamins doués qui rendent chaque personnage très touchant, une franche réussite, un truc que l’on n’attendait pas, une petite perle.

Aglaé : sûrement une des rares séries qui restera dans les mémoires pour cette année. En plus de faire (re)vivre toute une époque le scénario est complètement maîtrisé et l’idée de base géniale, évoquant Lovecraft ou autres mythes des univers miroirs. L’expérience à tenter.
 



Atlanta, saison 1 ***

Sol : Atlanta est une série créée par Donald Glover, un acteur déjà remarqué dans la très bonne série Community et en tant que rappeur, sous le pseudo Childish Gambino, avec déjà 2 très bons albums à son actif.  Le pitch wiki : « Deux cousins essayent de percer dans la scène rap d'Atlanta afin d'améliorer leurs vies et celles de leurs familles. »

Une série douce-amère qui parle de la communauté noire américaine d’une façon différente de ce que l’on a l’habitude de voir, avec un humour absurde parfois grinçant et une mélancolie assumée. Une dramédie, comme on dit, mais une bonne.



Mr Robot, saison 2 **

Sol : Je n’ai pas été déçu par cette deuxième saison comme certains. Elle est plus complexe et plus sombre que la précédente. On est toujours en immersion dans la psyché d’Elliott, ce génial hacker troublé et troublant mais les réalisateurs tentent des modes de narration qui surprennent le spectateur.

La série est plus que jamais pertinente sur le traitement des enjeux contemporains tels que la surveillance de masse, les théories du complot, la transparence, la manipulation, etc. Curieux de voir où nous mènera la saison 3.